Les jumeaux numériques au service de la santé

Vous êtes-vous déjà demandé à quel moment de votre vie vous tomberez malade ? Comment allez-vous réagir à certains médicaments ? Cela va être possible avec votre jumeau numérique.

 

Un jumeau numérique vous dites ?

Un jumeau numérique est une représentation virtuelle d’un objet, d’un corps déjà existant qui va permettre la conception, simulation, surveillance, optimisation ou encore entretien de ce dernier. Grâce à cela, vous pourrez éviter le pire en analysant les données transmises en direct par ce jumeau concernant le produit en question et en prenant connaissance des tâches à effectuer pour régler d’éventuels problèmes.

Les jumeaux numériques sont déjà présents dans le domaine industriel. Par exemple, General Electric Aviation a son propre jumeau numérique d’un sous-système d’un avion. Cela va leur permettre d’analyser en temps réel les données correspondant à l’état de l’avion, et ainsi de prévoir les dysfonctionnements possibles et les pièces à changer.

Cette technologie permet d’anticiper le futur et d’optimiser l’efficacité des produits. Mais est-ce possible de l’appliquer au domaine de la santé en ayant un jumeau numérique du corps humain ?

 

Un jumeau utile à la prévention médicale

Un jumeau numérique ne constitue ni robot, ni reproduction d’un corps humain, il s’agit uniquement d’un amas de données collectées qui vont refléter au mieux l’organisme humain. Par conséquent, aucune crainte à avoir sur les effets que peuvent engendrer des tests dessus.

Grâce à cette technologie, les chercheurs pourront effectuer des tests de médicaments et ainsi voir la réaction que cela aurait entraîné au contact d’un véritable organisme humain. Cela signe alors la fin des tests effectués sur des animaux par exemple. On employait les termes d’essais « in vivo » lorsqu’ils étaient effectués sur un organisme vivant, d’essais « in vitro » lorsqu’ils sont effectués dans des tubes, on peut désormais parler d’essais « in silico » faisant référence au silicium des ordinateurs.

Toutes ces technologies permettent une grande avancée dans le domaine médical puisqu’elles vont permettre aux médecins et chirurgiens de s’exercer avant de passer à l’acte sur un être vivant. Cela va leur permettre, lors d’une intervention chirurgicale par exemple, de connaître avec précision la zone à traiter, les réactions que pourraient avoir les patients et ainsi éviter le pire. On peut dire que le jumeau numérique permet à présent de sauver des vies.

 

Et l’éthique dans tout cela ?

Bien sûr pour obtenir toutes les informations provenant de ces jumeaux numériques, il faut qu’un nombre considérable de données aient été collectées sur les patients. Ces données de santé sont sensibles et leur recueil et traitement sont en principe prohibés. Néanmoins, tout un tas d’exceptions permettent de traiter des données de ce type comme le consentement de la personne en question, ou encore lorsque le traitement est nécessaire à la sauvegarde des intérêts vitaux de la personne concernée (Article 9 du RGPD).

Dans le cas présent, les données collectées permettraient de sauver des vies, il serait alors autorisé de traiter ces informations médicales. Néanmoins, une question d’éthique peut être soulevée, et l’a d’ailleurs été par Nina Miolane, une chercheuse de l’université de Stanford. La question est la suivante : « Préféreriez-vous utiliser un outil ou un médicament testé sur des millions de patients numériques ou sur quelques dizaines d’humains ? ». En d’autres termes, est-il mieux de se servir de millions de données collectées provenant de tout type d’êtres vivants ayant tous des caractéristiques différentes, ou d’utiliser une poignée d’humains volontaires pour observer une vraie réaction aux tests ?

À vous de déterminer si vous souhaitez que toutes les données de santé vous représentant soient utilisées pour des tests ou si vous préférez que ces données restent confidentielles et protégées ? Il est vrai que l’on n’est jamais à l’abri d’une cyberattaque qui pourrait ainsi dévoiler toutes ces données vous correspondant et qui pourrait être revendues sur le dark web.

 

Seriez-vous prêt à prendre le risque de rendre public vos données de santé afin de sauver des vies ? Une question à laquelle il est encore difficile de répondre.

 

Article rédigé par Anthony ROCHETTE